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" Inscrire un fleurissement évolutif dans un cadre historique fort ! "

De gauche à droite : Marjorie Jan, responsable du bureau études travaux neufs, Daniel Légal, responsable du secteur entretien, Évelyne Bordes, conseillère municipale aux parcs et jardins, et Christian Guigue, directeur, veillent sur les espaces verts de Nîmes (30).PHOTO : PASCAL FAYOLLE

Le service des espaces verts de la ville de Nîmes (30) a séduit le jury du Conseil national des villes et villages fleuris ( CNVVF) et décroché sa quatrième fleur l'an passé. C'est le fruit du travail qui a porté sur deux axes principaux : des opérations de rénovation du centre-ville profondes et de grande qualité, et une amélioration du fleurissement.

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Préfecture du Gard, Nîmes est une ville historique comptant de nombreux vestiges romains, la Tour Magne dominant le Jardin de la Fontaine, où arrivait l'eau qui alimentait la cité, ses arènes ou sa maison carrée. Ils ne sont toutefois pas des témoins figés d'une ville qui se serait muséifiée. Les arènes accueillent aujourd'hui de nombreux événements culturels, en particulier musicaux. Autour de l'hyper centre-ville historique, l'Écusson, une ligne de bus en site propre est en cours de finalisation pour améliorer le réseau de transport en commun et limiter l'usage de la voiture. La plupart des grands projets de réaménagement offrent une grande part au végétal. Autour des arènes, une vaste zone piétonne s'étendant jusqu'à la gare SNCF a été aménagée, témoignant aussi de cette volonté de sortir du tout-voiture. Malgré les contraintes techniques, en particulier sur un parking souterrain qui limite les hauteurs de terre disponible à 50 cm, une large place a été laissée à la végétation : 250 taxons méditerranéens de vivaces et d'annuelles classées par zone d'origine, servant de guide botanique tant aux touristes qu'aux habitants. Au pied des Jardins de la Fontaine, le boulevard urbain Jean-Jaurès est passé, il y a trois ans, de l'état de parking semi-sauvage bordé d'arbres à celui de vaste esplanade toujours arborée mais laissant une bonne place aux animations de quartier noyées dans une végétation arbustive agréable. Et si le choix de l'architecte de réaliser de vastes a-plats de persistants à tailler régulièrement est discutable en termes de gestion, la réussite de l'ensemble est aujourd'hui indéniable.

- Un travail sur le fleurissement couplé à une action d'aménagement. Cet ensemble a sans conteste participé à séduire le jury national du fleurissement qui a visité la ville au cours de l'été 2014 pour lui octroyer la quatrième fleur pour la saison 2015. Une récompense qui pourtant n'était pas un objectif affiché : « Nous avions obtenu directement la seconde fleur. Avoir la troisième a servi d'outil de management pour motiver les équipes, et on a alors mis les bouchées doubles », explique Évelyne Bordes, conseillère municipale déléguée aux parcs et jardins. « La quatrième fleur a découlé de ce travail. » Au final, l'équipe a beaucoup travaillé sur le fleurissement proprement dit, qui était auparavant le point qui péchait le plus. Le reste, les grands aménagements, est venu au fur-et-à-mesure de la volonté de l'équipe municipale dirigée par Jean-Paul Fournier, qui effectue son troisième mandat. « Nous avons élaboré un programme de travail avec Marjorie Jan et les jardiniers volontaires pour améliorer la cohérence du fleurissement et décliner un thème chaque année, se souvient Christian Guigue, directeur du service des espaces verts et de la propreté. Deux jardiniers retenus sur chacun des sept secteurs de la ville ont permis de fédérer et de motiver l'ensemble des agents. Des formations ont été assurées. Et un thème est désormais défini pour chaque année, en 2016 ce sera celui des insectes. Les jardiniers proposent leurs idées, établissent les listes de plantes dont ils ont besoin, puis réalisent ce qu'ils ont conçu. Ils sont ainsi totalement concernés, pris en mains. » Résultat, en quelques années, Nîmes s'est retrouvée mieux fleurie pendant que son cadre de vie devenait plus vert.

- Mieux gérer l'eau pour faire des économies. Si Christian Guigue admet qu'au sein de la mairie, les espaces verts « sont restés privilégiés », comme partout les budgets ont « commencé à se tendre ». Les pratiques doivent donc évoluer en conséquence. « Nous avons défini des priorités, parmi lesquelles les économies d'eau », précise le directeur du service. Comme toutes les villes méditerranéennes, Nîmes entretient un rapport particulier à l'eau, qui peut tour à tour venir à manquer pour trois mois puis envahir les rues et semer la mort et la désolation comme ce fut le cas dans la préfecture gardoise en 1988. Les techniciens ont choisi de réaliser plus de jardins secs. Des zones de ronds-points, par exemple, peu accessibles, se prêtent à la mise en place de plantes méditerranéennes peu gourmandes en eau. Par contre, la plupart du temps, l'arrosage est disponible pour apporter un appoint quand c'est nécessaire. Les fortes sécheresses et les chaleurs extrêmes de la région se prêtent mal à l'absence totale d'arrosage. Côté paillage, c'est le minéral qui est préféré : organiques, ils se dégradent trop vite. « Nous préférons une toile bien installée couverte de 10 cm de paillage minéral (gravier, ardoise, schiste, brique...). Le résultat est meilleur à long terme », précise Christian Guigue.

Le boulevard périphérique qui traverse les quartiers les plus récents et très commerçants, au sud de l'agglomération, est traité de cette manière, par tranches. Il a été conçu avec un terre-plein central de 3 à 4 m de largeur, difficile d'accès au milieu d'un axe routier très fréquenté, et couvert au départ de gazon au pied d'arbres d'alignement. La pelouse, trop gourmande en eau, est petit à petit remplacée par des massifs d'arbustes et des vivaces paillés au pied à l'aide de matériaux différents permettant de faire varier les ambiances.

- Diversifier la gamme sans négliger les annuelles. Du côté de la gamme végétale, la ville a entrepris une réorientation vers les vivaces, comme presque toutes les collectivités, mais veut aussi garder une belle palette d'annuelles « qui offrent plus de créativité », estiment les techniciens. « Nous évitons de foncer dans les effets de mode. À un moment, tout le monde s'est mis à planter du Tanacetum, nous ne suivons pas ce genre de mouvement, pour garder une identité », explique Christian Guigue.

De la même manière, la palette arborée qui, il y a 20 ans, était constituée essentiellement de platanes et micocouliers, lesquels représentaient 80 % des arbres, est peu à peu accompagnée par des tilleuls, Melia, charme, Gleditsia, Zelkova... Aujourd'hui, les deux espèces emblématiques du Sud ne représentent plus qu'à peine plus de la moitié des arbres de Nîmes. Du côté des platanes, un foyer de chancre coloré a été récemment détecté, et planter le taxon résistant n'offrirait pas, selon la DRAAF locale, toutes les garanties de résistance, et son développement n'est pas jugé optimal. Sans compter que le coût des arbres reste très élevé... L'avenir pour les espaces verts est peut-être résumé dans le jardin du Musée de la Romanité, en cours de construction face aux arènes sur un terrain en friche depuis 25 ans et qui doit ouvrir en 2018. Autour d'un bâtiment couvert d'une toiture végétalisée, qui mettra en valeur le patrimoine antique et les collections archéologiques, un jardin sec présentera l'évolution des plantations gardoises au cours des siècles (l'époque romaine, les croisades parties d'Aigues-Mortes, dans le Gard, etc.). Les services des espaces verts promettent qu'on y « verra des espèces peu communes et une fontaine dont la filtration sera assurée de façon biologique ». Mais on y trouvera forcément des taxons emblématiques de la région, comme l'olivier. Les olivettes, vergers d'oliviers, sont en effet omniprésentes dans ce secteur du Gard. Sur le Domaine du Mas d'Escattes (80 ha), la ville a travaillé avec l'Inra pour conforter ce patrimoine, avec des associations et des écoles pour restaurer et entretenir les murs de pierres sèches incontournables. Histoire de marier jusqu'au bout botanique et histoire...

Pascal Fayolle

Des jardins secs sont réalisés pour optimiser la gestion de l'eau, indispensable pour rentrer dans un cadre budgétaire désormais plus contraint.

PHOTO : STÉPHANE RAMILLON

Entre les arènes et la gare, l'esplanade Feuchère laisse une large place à la végétation malgré les contraintes, et aux piétons.

PHOTO : DOMINIQUE MARCK

Le boulevard urbain Jean-Jaurès est passé il y a trois ans de l'état de parking semi-sauvage bordé d'arbres à celui de vaste esplanade toujours arborée mais laissant une large place aux animations de quartier noyées dans une végétation arbustive agréable.

PHOTO : STÉPHANE RAMILLON

Outre les grands aménagements, un important effort a été fait sur le fleurissement proprement dit.

PHOTO : VILLE DE NÎMES

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